Les origines de l’Économie de la Fonctionnalité et de la Coopération (EFC) sont parfois sujettes à des débats semblables à celui de l’œuf ou la poule. Lequel ou laquelle a précédé l’autre ? Les pratiques derrière le concept étaient-elles déjà là, un peu partout avant la formalisation d’un référentiel ?
Bien entendu, des formes de coopération ont toujours su émerger dans l’histoire de l’humanité. Très tôt, dans l’histoire de la chrétienté comme dans bien d’autres cultures sous d’autres formes, la quête sollicitée lors des messes est la preuve de modalités contractuelles qui n’ont pas toujours été dépendantes du marché, mais bien plus représentatives des liens et des relations vivantes. Plus globalement, notre économie n’a pas toujours été industrialisée et financiarisée à ce point de rupture actuel. Si œuf il y avait déjà, notre sujet réside plutôt dans la manière de faire éclore.
Notre manière de faire éclore n’est pas neutre et là demeure toute cette introduction. L’EFC telle que nous la manions au Club Noé ne vient pas de nul part. À la racine, le travail de recherche et d’intervention du laboratoire ATEMIS fonde notre mouvement. Notre langage singulier (externalités, ressources immatérielles, etc.), l’exigence de nos points de vues, notre manière de soulever la complexité, sont les fruits d’un héritage dont ATEMIS est probablement le plus illustre précepteur.
ATEMIS (Analyse du Travail Et des Mutations dans l’Industrie et les Services) a pu se structurer dés 2001 du rapprochement entre des enseignants-chercheurs universitaires et des consultants. Cette base collective a su ancrer le laboratoire dans une indissociable alchimie entre la recherche et l’intervention. La recherche à partir de l’intervention. L’intervention avec la recherche.
Nos interlocuteurs chez ATEMIS sont multiples et singuliers du fait d’une approche pluridisciplinaire (économie, ergonomie, clinique du travail, sciences du territoire…). Christian Du Tertre (professeur en sciences économiques) et François Hubault (Maitre de conférences en ergonomie de l’activité) ont été les deux grandes figures aux prémisses de cette aventure.
Romain Demissy (intervenant-chercheur en économie – entre bien d’autres casquettes) et Sandro De Gasparo (intervenant-chercheur ergonome – entre tout autant d’autres casquettes) sont les deux membres du laboratoire ATEMIS que nous avons pu étroitement impliquer dans de nombreux dispositifs du Club Noé. Plénières de l’association, accompagnements individuels et collectifs de nos adhérents et animateurs des dispositifs de professionnalisation pour commerciaux et managers, nos liens sont à la mesure de la richesse des espaces que nous avons pu investir ensemble.
Un partenariat qui n’a de sens que dans sa continuité, puisque nous ne pouvons épuiser le sujet de l’EFC. Une doctrine n’est jamais figée, elle se nourrit des expérimentations concrètes et s’éprouve dans la confrontation au réel. Chaque situation dans laquelle ce prisme est invoqué produit des directions singulières.
C’est là tout l’intérêt de maintenir une relation étroite avec ce monde de la recherche, dont la supervision n’est pas une entrave, mais un appui, une rigueur émancipatrice, une prise de hauteur et une attention particulière à la patrimonialisation de nos apprentissages de terrains.
L’EFC est un mode de pensée, un outil forgé à mesure des expériences d’intervention, ayant pour point de départ chez ATEMIS la volonté de réintroduire la question du travail comme axe central de compréhension des mutations économiques, sociétales et des enjeux environnementaux, comme levier du développement des entreprises, des institutions et des territoires.
La complexité et l’étendue de ces sujets impliquent la mobilisation de toute une communauté dont ATEMIS est à la racine, ayant créé, avec d’autres partenaires, l’Institut Européen de l’Economie de la Fonctionnalité et de la Coopération (IE-EFC), association à but non lucratif, qui fédère des clubs territoriaux, dont le Club Noé fut l’un des premiers.