Loos-en-Gohelle est une petite ville de plus de 6800 habitants située au cœur du bassin minier. Avec 20 % de la population au revenu inférieur au seuil de pauvreté et 15 % de chômeurs, les stigmates de son histoire secouée par la fermeture de ses mines de charbon sont encore présentes. Pour autant, si l’ancien bassin charbonnier est aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’Unesco, la réappropriation culturelle du passé industriel de la ville est avant tout la source d’un remarquable rebond.

En vingt ans, la commune est devenue un modèle de transition écologique, au point d’être identifiée comme étant un « démonstrateur de la conduite du changement vers une ville durable ». La ville totalise une production photovoltaïque très significative. Des ménages ont été accompagnés par la ville pour la pose de ces panneaux photovoltaïques sur leurs propres habitations et des bâtiments publics s’en sont équipés. Avec 100% des repas servis à la cantine maternelle en bio, une vie associative au service de l’agriculture biologique, une politique d’écoconstruction depuis 1997 et tant d’autres actions, Loos-en-Gohelle devient un exemple remarqué.

À Loos-en-Gohelle, « les gens entrent comme habitants et en sortent citoyens », affirme le maire. La direction de la ville s’attache à ce que l’implication des habitants dans les projets de la commune soit une règle d’or, qu’elle puisse contribuer à ce que tous se sentent membre de la communauté. Voirie, aménagement des espaces et projets culturels, tout est l’objet de concertation, d’implication, de co-construction. La ville s’attache à percevoir les éventuelles posture de « râleur » comme des opportuns « contributeurs ». Ce choix de la coopération a demandé un travail conséquent sur l’évaluation et l’organisation du travail au sein de la mairie. De nombreux évènements participent également à cet élan, comme les « Chtis TedX », un mélange entre one-man-show et mini-conférence, pour expliquer cet engagement aux Loossois et mettre en avant leurs propres histoires, leurs propres implications diverses. Plus encore, une monnaie locale, la « manne », a été créée en partenariat avec Les Anges Gardins. Celle-ci donne l’occasion de valoriser les services que les habitants peuvent rendre au territoire. Son utilisation a explosé avec la crise du Covid-19, la mairie ayant récompensé en mannes les couturières bénévoles qui avaient fabriqué des masques pour les habitants.

La mise en récit de ces initiatives fait l’objet d’une attention très particulière dans la méthode Loossoise. Pour révéler la valeur réellement créée par l’implication des habitants et une politique de développement durable, l’inscrire dans le temps et créer les conditions d’une trajectoire d’une logique à une autre, la direction de la ville professionnalise une démarche d’évaluation centrée sur les moyens, bien plus que sur les résultats de son action.